Mon intention originale pour ce message était de m’addresser à Nivéa pour leur gamme de produits de soins pour hommes (qui est d’une absurdité rare), puis j’ai changé d’avis après avoir vu les derniers développements dans le monde de la GDN.

La Gestion des Droits Numériques (Digital Rights Management, ou DRM) est la toute dernière trouvaille des compagnies de logiciels pour s’assurer que leurs intérêts soient protégés. Mais commençons par le commencement.

Vous savez peut être déja que le piratage informatique est chose courante de nos jours. Les logiciels de toutes sortes (suites de bureau, éditeurs graphique, encyclopédies, et bien sûr jeux) sont constamment copiés et/ou rapidement disponibles sur internet après leur sortie. Bien sûr, la possibilité de se procurer un logiciel sur internet gratuitement sans craintes de représailles des forces de l’ordre entament beaucoup les profits des compagnies qui ont produit ces logiciels.

Dans le passé, ces compagnies ont tenté de contrer cette tendance par de diverses techniques, la plus répandue étant l’utilisation du vénérable “cd-key” (traduite sous plusieurs noms différents comme “clé d’activation”). Mais depuis l’avènement de nouvelles sortes de “propriété” numérique, ces méthodes sont devenus désuettes. Je parles ici principalement de la musique sous copyright que nous pouvons télécharger.

Considérez cette exemple: si Archambault Musique me laisse télécharger le dernier album complet de Garou pour 20$, qu’est-ce qui m’empêche de prendre ces fichiers musicaux et de les publier en ligne gratuitement afin que tout le monde puisse voler la propriété d’Archambault (et Garou) impunément? C’est là qu’entre en jeu la GDN.

Je vous épargnerai les détails techniques, et me contenterai de vous présenter les diverses conséquences que les différentes implémentations de la GDN peuvent causer au consommateur qui a payé et acquis le produit légalement. Car là est le problème de la GDN: elle semble causer plus de problèmes aux clients légitimes et loyals qu’aux pirates, qui réussissent quand même à contourner ces nouvelles mesures de sécurité…

Premier exemple à l’appui: http://www.securityfocus.com/columnists/390 (en anglais seulement).

Cet homme nous raconte son expérience avec le système de GDN inclut dans le compendium numérique du journal New York Times. Bien qu’il aie acheté le logiciel, devenant ainsi propriétaire légal de sa copie du compendium, il se voit contraint de ne l’utiliser que comme le New York Times l’entend. Premier inconvénient: il ne peut utiliser son logiciel que sous Windows; malgré le fait que sans le système GDN, il aurait pu facilement visionner les articles sous Linux. Deuxième inconvénient: il ne peut copier le logiciel sur son disque dur, ce qui l’oblige de constamment changer de disque lorsqu’il passe d’un article à un autre. Troisième inconvénient: il ne peut sélectionner ni copier le texte d’un article. S’il veut montrer un extrait d’un article à ses étudiants, il doit l’imprimer dans sa totalité sur papier; il ne peut copier le texte dans une présentation powerpoint ou l’envoyer par email. La liste continue, mais je crois que vous pouvez déja vous faire une idée.

Deuxième exemple à l’appui: Sony CD copy protection controversy

Sony, une compagnie que vous connaissez sans doute très bien, a décidé d’inclure un système GDN sur tout ses albums CD en 2005. Inspectez tout vos CDs de musique qui proviennent de Sony: s’il est écrit “XCP” à l’arrière du boitier plastique, ne l’insérez jamais dans votre ordinateur! Cela provoquerait l’installation automatique du système XCP (eXtended Copy Protection) qui a comme effet secondaire de causer des faiblesses dans la sécurité de votre système; le rendant plus facile pour des virus et vers informatiques de l’infiltrer! C’était à un point tel que Microsoft a décidé, le 14 Novembre dernier, de classifier le XCP de Sony comme “spyware” (logiciel espion, traité au même niveau qu’un virus et autre programmes malhonnêtes).

Troisième exemple à l’appui: http://www.cdfreaks.com/news/13212

Le débâcle Starforce a causé bien de l’encre à couler dans le monde de l’informatique. Il s’agit d’un système GDN conçut spécifiquement pour les logiciels de jeux sur PC. Plusieurs compagnies l’ont déja adopté, notamment Ubisoft. Comme le XCP de Sony, dès qu’un jeu protégé par Starforce est installé, les pilotes Starforce le sont aussi. Ces pilotes peuvent prendre le contrôle de votre ordinateur à un niveau alarmant. Comme le XCP, elle peut ouvrir des failles de sécurité importantes, mais ça ne s’arrête pas là: elle peut causer l’instabilité du système, et même des dommages matériels à votre lecteur CD! La dernière version va même automatiquement redémarrer votre ordinateur sans votre consentement si elle détecte une opération illicite (comme copier le CD que vous avez acheté légalement sur votre disque dur)! C’est à un tel point qu’une coalition de joueurs ont décidé à en appeler à un boycott de tout logiciel protéger par Starforce, une initiative que je me dois d’approuver et même d’encourager: http://www.glop.org/starforce/

Il est bon de noter que Ubisoft, après maintes plaintes de la part des joueurs, considère maintenant abandonner le système Starforce pour ses jeux futurs.

Si vous voulez plus d’information sur la Gestion des Droits Numériques, suivez ce lien (en français) qui résume l’objectif visé par de tels systèmes: Gestion des droits numériques

Pour ma part, je terminerai cet article en disant que la GDN est une des pires choses qui aient pu arriver à l’industrie de l’informatique depuis les premiers virus. Ils vont à l’encontre des droits des consommateurs légitimes sans toutefois stopper les pirates informatique, qui sont la raison que de tels systèmes sont mis en place.

Comme d’habitude: soyez vigilants!